Le but du projet animus est de réaliser une implémentation organique complète de la mythologie indienne, à l'aide d'organes d'humains et d'animaux. Vous pouvez aider le projet en donnant vos membres ou vos organes, ou, si vous possédez des animaux en donnant des membres ou organes d'animaux. L'Animus Project Foundation est composée de chirurgiens, biologistes, artistes et historiens, réunis pour mener à bien le projet.
Le projet Animus permettra ainsi, à tous ceux qui y souscrivent de participer au Grand Voyage, le 20 février 2020, à l'île de Wells, où, dans la clinique Moreau, ils seront pris en charge par de nombreux chirurgiens et scientifiques qui s'occuperont de concevoir, à l'aide des parties de leurs corps et celles de leurs animaux, la totalité des dieux de la mythologie indienne. Nous pensons alors que si cette mythologie est reconstituée rigoureusement, on ne pourra pas refuser le statut de dieu a chacune des créations.
Les sociétés occidentales, enfermées dans un néo-libéralisme où l'individualisme est poussé à l'extrême. Les croyances occidentales sont basées sur un dieu qui n'est autre qu'un surhomme et qui est l'image de ces sociétés. Les croyances indiennes permettent à l'occidental qui a l'esprit ouvert, d'avoir un autre point de vue. L'homme est alors une partie d'un tout, il est l'égal de l'animal ou de tout autre élément naturel. La mythologie indienne est à cette image, et offre de nouvelles possibilités de croyance, en un monde meilleur dans lequel la réussite individuelle est négligeable face à l'harmonie d'un monde qui dépend équitablement de tout ce qui le compose.
L'art biotechnologique s'est concentré sur la frontière entre le vivant et le non-vivant. Qu'en est-il de la frontière entre le vivant et le divin? Si nous concevons des êtres aux caractéristiques divines, auront-nous fait passer l'homme à un statut d'être divin?
Alan Turing affirmait que si nous pouvons concevoir une machine qui est indiscernable d'un être vivant, on ne pourra pas lui refuser le statut d'être vivant. De la même manière, nous proposons d'analyser la frontière entre le non-divin et le divin. Si nous sommes capables de concevoir des êtres indiscernables des dieux indiens, pourrons-nous leur refuser leur statut de dieu? Verrons-nous apparaître en eux une essence divine?
Nous voulons montrer que les techniques élaborées ces dernières années ont permis aux hommes de franchir une nouvelle frontière : celle du divin. Les modifications métaboliques et génétiques n'auraient pas alors simplement pour but de concevoir un être posthumain. Elle pourrait permettre aux hommes de créer les entités qu'ils vénèrent depuis les millénaires. Ceci aura-t-il pour effet de concevoir des êtres supérieurs, ou cela banalisera-t-il ces êtres supérieurs, les faisant ainsi sombrer dans l'oubli? Il s'agit d'une expérience qui se doit d'être effectuée dès que ceci sera techniquement possible.
La plupart des dieux de la mythologie indienne a une forte corrélation avec un animal. Ganesh, dieu possédant une tête d'éléphant, ou Narashima, qui a la tête d'un lion en sont un exemple frappant. Il est important que les donneurs choisissent un animal qui soit fortement lié à leur personnalité.
Dans l'inconscient collectif, l'animal représente un certain aspect de l'être humain, généralement lié aux pulsions et à la sexualité. Celui-ci ne doit pas être nié, et décider de donner un organe à l'un des dieux que nous allons concevoir permet de rapprocher le donneur de l'animal qui lui correspond le mieux.
Les animaux ont en effet une forte portée symbolique. Nous pensons que concevoir les dieux à l'aide de personnes qui sont proches de ce qu'il évoque symboliquement est une condition sine qua non à la perfection de notre création. Nous pensons pouvoir, de cette façon, mettre en relation, pour la première fois, le symbolique et le réel. Les êtres conçus par le projet Animus, ne doivent pas être de simples copies physiques rigoureuses des dieux, mais doivent aussi avoir une certaine perfection interne.
Le projet Animus est avant tout artistique, et la conception de dieux, considérés comme des êtres parfaits, permettra de donner une dimension biologique à des êtres dont la beauté n'avait alors été représentée que de manière fixe, à l'aide de dessins et de statues. La beauté est un équilibre entre ce qui est attendu et ce qui surprend. L'utilisation d'êtres humains et animaux courants représente l'attendu, leur recombinaison provoque une surprise. Cette recombinaison n'est pas aléatoire, elle correspond à un idéal vénéré par des milliers d'hommes depuis des milliers d'années. Cette mythologie polythéiste, l'une des rares qui soit encore vénérée aujourd'hui, est probablement la plus proche d'un idéal. En effet, l'hindouïsme est l'une des religions dont l'emprise sur les hommes a été la plus longue.
La duplicité des membres de chacun des dieux représente l'infini, idéal esthétique, et chacun des dieux porte en lui une forte connotation liée à l'eshtétique et à l'art. Prenons par exemple Shiva : elle est la déesse de la destruction et de la reconstruction, processus inhérent à l'art et à son évolution.
Chacun devra alors choisir le dieu qui lui correspond le mieux, et choisir où sera placé chacun de ses organes. Ceux qui chérissent la sagesse et la réussite choisiront alors de donner un organe à Ganesh, par exemple, ceux pour qui la bonté est ce qui est le plus important dans l'humanité choisiront de donner un organe à Vishnu. La place des organes a également son importance symbolique.
A la clinique Moreau, de nombreux tests psychologiques ont été élaborés pour sélectionner la partie du corps et le dieu auquel vous correspondez parfaitement. Face à la forte demande, il est clair que l'on ne pourra pas donner l'intégralité de son corps, mais seulement certains organes, et que nos équipes vérifieront l'adéquation de votre demande avec nos besoins.
Alors que les sociétés de protection des animaux et les gouvernements s'opposent au projet, nous défendons le projet Animus d'un point de vue éthique.
N'oublions pas que tous les participants aux projet sont volontaires, qu'ils aiment les animaux qu'ils sacrifient. Ceux qui considèrent le projet comme inacceptable éthiquement sont des défenseurs de l'individualisme qui affirment que les hommes ne doivent pas déteriorer leur physique pour la conception d'un idéal. Mais, qu'est-ce que la perte d'un membre, d'un organe, ou d'un animal, lorsqu'on participe au projet le plus ambitieux de l'histoire de l'humanité?